Aller au contenu principal

La lutte pour la démocratie ne s’arrêtera pas

11 mars 2011

Dans mon post d’hier Adieu, monarchie absolue. Adieu, autorité sacrée !, je me permettais d’épiloguer sur le discours royal du 9 mars, considérant qu’il nous appartenait déjà de concrétiser le passage à une monarchie démocratique et parlementaire. Les évènements de la journée qui a suivi n’augurent rien de bon, et imposent la plus forte des mobilisations pour que l’Etat concrétise les promesses du discours précité (surtout celle d’éradiquer toute autorité qui ne serait pas tenue à la reddition des comptes), en répondant à notre exigence légitime de démocratisation intégrale et immédiate.

Dès la fin du discours royal, des instructions auraient été données aux forces de l’ordre pour réprimer sévèrement toute manifestation de rue. Ces forces sont intervenues de manière très musclée, entre autres à Rabat, Chaouen et Tétouan. Clairement, l’Etat veut éliminer la pression de la rue, pour contenir le débat dans les salons feutrés, où il veut garder le monopole du choix des protagonistes et de la définition des orientations.

Ainsi, la grande déception de la constitution de la commission de révision de la constitution. Il était tout à fait prévisible qu’elle ait parmi ses membres des apparatchiks liés au pouvoir. Mais de là à n’inclure aucune des voix connues pour être critiques de l’architecture constitutionnelle actuelle, il y a un gap qui fait apparaitre le jeu comme par trop biaisé. De même, et comme le rappelle Larbi.org dans son article Ces constitutionalistes accommodants me rendent plus que sceptique, son président Mennouni plaidait dans la « Revue juridique, politique et économique du Maroc » pour un roi qui règne et gouverne, arguant que « Toute notre Histoire crie cette vérité : sans une monarchie populaire, le Maroc n’existerait plus … Plus que jamais, le Maroc a besoin d’une monarchie populaire, islamique, gouvernante. C’est pourquoi au Maroc, le Roi gouverne, le peuple ne comprendrait pas qu’il ne gouvernât point ». On se rappelle aussi le Herzenni d’avant même les ors du pouvoir, qui écrivait dans la presse que « nous avons besoin d’une monarchie traditionnaliste, chérifienne et religieuse ».

La déception qui a suivi a été celle des « petites phrases » du président de la commission, qui a déclaré clairement qu’il n’envisage pas de refonte de la constitution mais simplement son amendement. Cela nous condamnerait évidemment à garder le même habit constitutionnel et, quitte à le rapiécer, lui garder la même cohérence fondamentale.

Aujourd’hui, il apparaît donc clairement que le roi et son entourage n’ont pas encore décidé d’admettre le passage du Maroc à un régime démocratique. Je continue de croire que ce passage est inéluctable à relativement brève échéance. Il appartiendra donc au peuple d’imposer ses objectifs et son rythme. J’espère que les manifestations du 20 mars seront massives et pacifiques. J’espère qu’elles feront partie d’une montée des luttes démocratiques qui ne laisse pas de répit à l’absolutisme.

J’espère que la jeunesse et les forces qui appuient son combat sauront demeurer pondérées dans leurs objectifs, slogans et moyens. Et j’espère que les élites dirigeantes se rendront vite compte qu’elles se fourvoient en croyant de cette manière déliter la vague de fond de la contestation de l’absolutisme.

4 commentaires leave one →
  1. 12 mars 2011 10:58

    Erratum de Larbi.org (http://feedproxy.google.com/~r/larbi/~3/gqLppLajXW8/Erratum%2C-excuses-et-Document-%C2%AB-Constitution-et-s%C3%A9paration-des-pouvoirs-%C2%BB-de-Abdeltif-Mennouni?utm_source=feedburner&utm_medium=email) : L’expression « Toute notre Histoire crie cette vérité : sans une monarchie populaire, le Maroc n’existerait plus…Plus que jamais, le Maroc a besoin d’une monarchie populaire, islamique, gouvernante. C’est pourquoi au Maroc, le Roi gouverne, le peuple ne comprendrait pas qu’il ne gouvernât point » n’était pas du cru de M. Mennouni ; il citait Hassan II. Il convient de relever toutefois que lorsqu’il citait, c’était pour appuyer et non pour récuser…

    • Ali Aijjou permalink
      13 mars 2011 06:27

      Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée
      sauf celle de : A.A. ?

  2. Lahlou Samira permalink
    23 mars 2011 17:50

    Ne sous-estimez jamais un homme qui se surestime. Il est dur d’échouer, mais il est pire de n’avoir jamais tenté de réussir. La seule limite à notre épanouissement de demain sera nos doutes d’aujourd’hui. Le premier des droits de l’homme est celui de pouvoir manger à sa faim. Les droits de l’homme comme le droit universelle c’est maintenir les balances de la justice égales pour tous.

Trackbacks

  1. La lutte pour la démocratie ne s’arrêtera pas « Blog de Fouad Abdelmoumni « Jmouhcine's Blog

Répondre à Ali Aijjou Annuler la réponse.